Entre 2006 et 2017, la scolarité des jeunes natifs d’Île-de-France a continué à s’allonger et à se démocratiser entre 21 et 26 ans : la part des jeunes inscrits dans un établissement scolaire est passée à ces âges de 33 % à 36 %. En revanche, elle est restée quasi inchangée pour ceux qui sont encore chez leurs parents (-0,2 point). Le développement des résidences étudiantes, sous l’impulsion des plans gouvernementaux successifs et soutenus par la Région Île-de-France – 42 000 places supplémentaires auraient été créées entre 2009 et 2019 en Île-de-France –, ont permis à des jeunes de poursuivre leurs études de façon indépendante. Il est probable que la plupart d’entre eux aient été décomptés comme vivant en meublés lors du recensement.
Ce sont davantage les difficultés d’insertion sur le marché du travail que l’allongement de la scolarité qui explique le recul de l’âge au départ de chez les parents. Et ce d’autant plus que cette poursuite des études peut être une stratégie déployée face aux difficultés d’insertion. Depuis 2006, le taux de chômage des jeunes natifs a fortement progressé (+3,6 points entre 2006 et 2017, avec un pic en 2015), surtout celui des jeunes vivant chez leurs parents (+6,3 points contre +1 point parmi ceux qui ont pris leur indépendance). Parmi les jeunes chômeurs, la part des cohabitants avec leurs parents est ainsi passée de 51 % à 60 % en dix ans. En 2017, le chômage touche 17,6 % des jeunes actifs natifs de la région : 28,6 % de ceux qui vivent chez leurs parents, 11 % de ceux qui n’y sont plus.
La précarité de l’emploi dissuade aussi les jeunes d’acquérir leur indépendance. Ce sont eux qui sont les plus tributaires des petits boulots, de l’intérim ou des contrats à durée déterminée. En 2017, 23 % des emplois occupés par les jeunes Franciliens natifs sont précaires. Ce taux atteint 41 % pour ceux qui sont chez leurs parents. Depuis 2006, la précarité s’est aussi davantage accrue parmi ces derniers (+1,7 point) que parmi ceux qui sont partis (+1,2). La part des jeunes qui ne sont ni scolarisés, ni au chômage, ni au travail, a aussi progressé de 1,4 point depuis 2006, pour s’établir à 5,6 % des jeunes natifs de l’Île-de-France.
Une décohabitation encore plus tardive dans les secteurs les plus modestes
La décohabitation est plus tardive en Seine-Saint-Denis et dans le Val-d’Oise : la moitié des jeunes natifs de la région sont partis de chez leurs parents à respectivement 25,9 ans et 25,5 ans en 2017. La durée de cohabitation s’y est allongée davantage qu’ailleurs depuis 2006 (respectivement +1,5 an et +1,1 an). La situation des jeunes du Val-de-Marne est assez proche : la moitié d’entre eux est partie à 25,1 ans, soit 1,3 an de plus qu’en 2006. La part des 18-34 ans nés en Île-de-France et vivant chez leurs parents est maximale en Seine-Saint-Denis : 55 %, soit 8 points de plus que la moyenne régionale. Ce constat vaut quel que soit l’âge, le diplôme, ou le type d’emploi. Ces jeunes chez leurs parents sont aussi plus souvent actifs qu’ailleurs et leurs conditions de logement plus difficiles, du fait de familles plus nombreuses. Dans les familles modestes, l’arrêt précoce des études est plus fréquent, mais les conditions d’insertion professionnelle n’apportent pas l’autonomie financière permettant la décohabitation dans un contexte de pénurie et de cherté croissante des logements. Le cumul des difficultés ralentit leur accès à l’autonomie : ils sont plus souvent au chômage ; ceux qui ont un emploi, plus souvent moins diplômés, accèdent à des professions moins rémunérées ; et l’aide familiale pour accéder à un logement est plus limitée.