Des environnements plus « marchables »
Pour favoriser l’activité physique, notamment celle des personnes âgées, plusieurs politiques publiques sont possibles : cibler certains groupes de population (comme les personnes présentant une maladie chronique, ou en perte d’autonomie, avec la prescription d’une Activité Physique Adaptée (APA)6 par le médecin généraliste), ou, plus largement, améliorer l’accès aux infrastructures sportives, ou encore modifier l’environnement pour favoriser les activités extérieures et les déplacements actifs (marche, vélo). Quel que soit l’âge, les personnes vivant dans des environnements propices à la marche, sûrs et attrayants, sont plus enclines aux mobilités douces (marche, vélo), et ont des niveaux d’activité physique plus élevés.
Une première qualité fondamentale est la connectivité et la perméabilité des voies : des rues nombreuses, avec de multiples connexions entre elles, permettent des trajets directs avec des itinéraires variés. La compacité de la structure urbaine (îlots urbains d’une longueur optimale comprise entre 60 et 120 m) et des rues quadrillées à intervalle régulier favorisent les déplacements en modes actifs et l’orientation dans l’espace. Les citadins marchent aussi davantage dans les secteurs caractérisés par une importante mixité fonctionnelle : la coexistence de résidences, de bureaux, de commerces, de services et d’équipements, permet de répondre aux différents besoins des individus, et d’offrir différents points de repère dans l’espace.
Si les principales destinations sont difficilement accessibles à pied, un réseau de transports intelligemment maillé et bien organisé favorisera la marche et limitera le recours à la voiture. Mais, avec l’âge ou l’apparition de problèmes fonctionnels, le mode piéton tend à devenir prédominant, et c’est l’accessibilité à pied aux commerces de proximité depuis le domicile qui soutient l’autonomie des personnes. Enfin, les espaces verts (bois, parcs, jardins) et les plans d’eau (fleuves, lacs) constituent des motifs de sortie et sont des lieux propices à la marche et l’activité physique. La sécurité et les qualités esthétiques (absence de déchets, de déjections canines…) sont également des facteurs favorisant la mobilité extérieure.
Pour les personnes âgées, s’ajoutent à ces critères une sensibilité particulièrement importante à la qualité de l’aménagement de l’espace public. Des trottoirs étroits ou encombrés, un trafic routier rapide et bruyant, des passages piétons peu sécurisés7, sont des sources de stress. Le manque de bancs, de toilettes publiques, la présence de marches, freinent également leurs déplacements. Toutes ces barrières augmentent le risque de chutes, la peur de sortir de chez soi, restreignent petit à petit l’espace de vie et d’activité de la personne, et contribuent à son isolement.
Selon France Stratégie, l’aménagement des espaces publics est encore trop peu développé. Des initiatives dans ce domaine, que d’autres pays ont spécialement pensées pour les personnes âgées, pourraient se révéler inspirantes.
Caroline Laborde, socio-épidémiologiste, Observatoire Régional de Santé (ORS Île-de-France), L’Institut Paris Region
Teodora Nikolova, ingénieure et architecte, L’Institut Paris Region
Des initiatives d'aménagement adaptées aux personnes âgées
Certaines villes lancent des initiatives d’aménagements adaptées aux personnes âgées. À Eindhoven, aux Pays-Bas, la ville a transformé les rues en parcours santé. Les personnes âgées peuvent faire de l’exercice de façon ludique, dans la rue, seules ou en groupe. Les exercices sont indiqués au sol, intégrés dans le revêtement des trottoirs. Cette initiative favorise le niveau d’activité physique sans avoir besoin de construire de nouvelles infrastructures coûteuses. D’autres pays construisent des aires de jeux spéciales pour les seniors. La Chine et les États-Unis ont été les premiers pays à installer des équipements en plein air d’équilibre, des incitateurs de mobilité adaptés aux plus de 65 ans. Ils ont été suivis par l’Espagne, l’Allemagne, la Suisse, les Pays-Bas… Ces aires de jeux sont un moyen de se divertir, de pratiquer une activité physique régulière, et de favoriser la sociabilité. Elles permettent ainsi de lutter à la fois contre la perte de mobilité et l’isolement social. New York a lancé en 2011 l’initiative « City Bench », un programme d’installation de bancs dans l’espace public, en particulier aux arrêts de bus, dans les zones commerciales, et celles à forte concentration de personnes âgées. Tous les New-Yorkais sont encouragés à faire des demandes d’implantation sur le site du Département des transports de la ville (Department of Transportation), ou par téléphone. Après une étude des demandes, les bancs sont installés par la Ville, qui assure leur entretien.